Par Pascal Malingue.
À la suite de notre article précédemment publié, axé sur l’impression sur des matériaux recyclés, il nous semblait judicieux de creuser encore plus le sujet de l’éco-responsabilité dans le secteur de l’imprimerie. Si le choix du support joue un rôle capital, l’encre utilisée n’est pas en reste.
Alors que nous naviguons déjà en plein cœur de la révolution « verte », l’encre se trouve au centre des débats. Historiquement, son impact environnemental n’était pas des moindres. En effet, certaines encres utilisées dites minérales contiennent des solvants volatils et polluants. Toutefois, les encres écologiques à base d’eau ou de produits végétales, ont permis de réinventer les standards de l’impression.
Historique et émergence des encres « écologiques »
Depuis l’Antiquité, l’encre fut utilisée dans diverses formes d’impression. L’impression moderne n’a véritablement débuté qu’au 15ème siècle avec l’invention de la presse d’imprimerie par Johannes Gutenberg avec ses caractères en métal réutilisables et interchangeables. A cette époque, l’encre étant à base d’huile, elle était épaisse et brillante.
Puis, le temps de l’industrialisation arriva. Le 19ème siècle vit la production d’encre subir des changements. Pour répondre à la demande croissante de la presse et de l’édition, les fabricants ont commencé à utiliser des pigments plus stables et des véhicules plus performants. Les encres à base de solvants ont été créées afin d’accélérer le temps de séchage et d’augmenter la production. C’est à la fin de ce siècle que l’impression offset vit également le jour.
A la fin du 20ème siècle, ce fut le tour de l’impression numérique. De nouvelles encres furent élaborées y compris les encres à séchage UV et les encres à base d’eau. Les préoccupations environnementales étant grandissantes, des innovations dans les encres dites écologiques ont vu le jour.
Au 21ème siècle, ces inquiétudes sur la durabilité et l’écologie perdurent encourageant le développement d’encres plus écologiques (encres végétales, à base d’eau et celles à faible teneur en COV ou composés organiques volatils).
Composition des encres : différences majeures
Quel que soit le type de procédé d’impression, l’encre est généralement composée de quatre éléments de base :
Les pigments ou colorants sont les substances qui donnent à l’encre sa couleur. Celles-ci représentent de 5 à 20 % du mélange ;
Le véhicule (huiles ou solvants) sert à transporter les autres composants et à fixer l’encre sur la surface. Il représente environ 50 à 60 % du mélange ;
Les résines ou liants ont pour rôle de maintenir le pigment en place une fois l’encre appliquée. Ces constituants représentent 15 à 30 % du mélange ;
Les additifs sont ajoutés pour ajuster les propriétés spécifiques telles que la viscosité, le séchage ou encore la résistance. Ils représentent environ 5 à 10 % du mélange.
Les encres traditionnelles ont été formulées à partir d’huiles ou de solvants issus de la pétrochimie ou d’hydrocarbures, comme certaines encres offset ou comme les encres à solvant souvent utilisées dans la flexographie ou l’héliogravure. Ces composés, bien que performants, n’en sont pas moins nocifs pour l’environnement et la santé humaine. Et notamment pour le personnel qui se voit en contact de composants potentiellement cancérigènes.
Toutefois, afin de respecter les législations qui visent à réduire les émissions de composés organiques volatils, à pouvoir se conformer aux nouvelles directives du 1er janvier 2023* et à minimiser l’impact environnemental du secteur de l’imprimerie, des encres plus « vertes » ont vu le jour comme les encres dites végétales et les encres à base d’eau par exemple.
Les premières ne contiennent ainsi pas d’huiles minérales mais des huiles végétales non toxiques : colza, tournesol, lin, soja… Grasses et apportant de belles couleurs, elles sont une bonne alternative à l’encre offset ! Concernant les secondes, elles peuvent contenir jusqu’à 75 % d’eau qui peut remplacer en totalité les solvants. Elles conviennent aujourd’hui à plusieurs procédés d’impression comme la flexographie, l’héliogravure ou encore la sérigraphie et sont généralement moins coûteuses que les encres à solvants.
Ces encres limitent voire suppriment l’émission de composés organiques volatils. Elles répondent donc aux exigences légales et permettent d’améliorer les conditions de travail des employés. Utiliser ce type d’encres peut aussi améliorer l’image de marque de votre imprimerie.
*1er janvier 2023 : interdiction d’utiliser des huiles minérales pour l’impression d’imprimés publicitaires. Tous les autres imprimés graphiques seront également concernés d’ici à 2025.
Les défis associés à l’adoption des encres dites « écologiques »
Bien que cela soit louable, adopter une démarche écologique dans le secteur de l’imprimerie, comporte son lot de défis.
En effet, pour les encres dites végétales, par exemple, il est nécessaire de s’assurer de leur provenance. Cultures intensives et déforestations peuvent être les conséquences de l’utilisation d’huiles végétales dans la formulation de ce type d’encres.
Concernant les encres à base d’eau, une révision des processus d’impression et de vos tarifs doit être effectuée car si les encres à solvants étaient louées pour le temps de séchage rapide, les encres à l’eau sèchent beaucoup plus lentement.
En conclusion
Tout n’est pas tout blanc ou tout noir dans la transition écologique de l’imprimerie. Toutefois, en prenant bien en considération les spécificités de chaque type d’encres, vous serez à même de trouver celles qui vous convient le mieux. D’autant plus qu’ici nous n’avons évoqué que les encres végétales et à base d’eau ! Il faut savoir que pour l’impression numérique, les encres latex ne contiennent pas de solvant et sont majoritairement aqueuses. Et si on considère le nombre d’innovations qui ont déjà vu le jour dans le domaine de l’encre, d’autres ne tarderont sûrement pas à faire parler d’elles ! Les prochaines pourraient d’ailleurs bien être à base d’algues (spiruline) !
L’utilisation de ces encres dites plus « vertes » est tout de même un pas en avant vers un avenir et une imprimerie plus durable.
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Pascal MALINGUE
Directeur Général Cadratin Software, Cogilog et Shop Application