Du Raisin à l’A0 : l’histoire derrière les formats de papier
En tant qu’imprimeur, les formats de papier, ça vous connaît. Toutefois, connaissez-vous l’histoire qui se cache derrière les formats que nous utilisons aujourd’hui ? Ou peut-être êtes-vous à la recherche d’un pense-bête sur les dimensions que représente chaque format ? Dans tous les cas, si vous souhaitez en apprendre davantage sur ces chères feuilles de papier, vous êtes au bon endroit.
La normalisation des formats de papier
Fabrication artisanale et moulins à papier
Née un siècle après J.-C. en Chine et arrivée en Europe aux alentours du XIIIe siècle, la feuille de papier a longtemps joui d’une certaine liberté de dimension et de grammage. Notamment du fait de sa fabrication artisanale. En effet, à cette époque, les moulins à papier vont bon train et de nombreux s’installent en France au cours du XIVe siècle. Les maîtres papetiers créaient alors de leurs mains les feuilles qui serviront leur région ou qui seront exportées vers d’autres villes et pays. La feuille de papier est ainsi créée à partir de linges usagés, draps, mouchoirs… qui sont transformés en pâte à papier.
Au cours des siècles, les filigranes firent leur apparition sur les feuilles. Tantôt des initiales afin de reconnaître la papeterie de provenance, tantôt des formes et des figures : animaux, croix, grappes de raisins ou encore étoiles… De nombreux filigranes ont d’ailleurs été recueillis dans l’ouvrage Dictionnaire historique des marques du papier par Charles-Moïse Briquet en 1907. Les personnes pouvaient alors se servir de ces filigranes afin de s’y retrouver dans les formats de papier.
Croissance de la demande et ébauches de standardisation
Toutefois, avec l’invention de l’imprimerie à caractères mobiles de Gutenberg au XVe siècle, les choses s’accélèrent pour les moulins à papier. Face à une demande en forte augmentation, certaines familles de maîtres papetiers jouirent même d’une certaine richesse. Cependant, la question de la standardisation demeure. C’est pourquoi l’uniformisation des papiers a souvent été tentée, en France comme ailleurs. C’est tout du moins ce que nous apprend C. M. Briquet dans son ouvrage.
Dimensions, poids des feuilles ont ainsi connu diverses spécifications à respecter au fil des années et des siècles. En France, on retrouve notamment l’arrêté du Conseil d’Etat de 1741 qui donne les tarifs des papiers selon leurs formats et poids. Par ailleurs, les différentes sortes de papier qui y sont présentées portent des noms qui semblent directement en lien avec leur ancien filigrane et que nous retrouvons toujours aujourd’hui grâce à l’AFNOR notamment pour les papiers spécifiques et créatifs. Par exemple, le format Raisin pour le dessin, le Grand Aigle pour les plans cadastraux, etc.
Standardisation internationale grâce au génie allemand
Si la France dispose de l’AFNOR pour la normalisation de différents concepts et sujets, l’Allemagne dispose du DIN. Et c’est grâce à la norme DIN 476 qu’une standardisation à l’internationale vit le jour concernant les formats de papier. Ce système fut introduit par l’ingénieur et mathématicien allemand, Walter Porstmann en 1922. Sans doute inspiré par les travaux non publiés de l’un de ses prédécesseurs du XVIIIe siècle (Georg Christoph Lichtenberg), il a repris l’idée du rapport √2 pour les formats de papier.
Un rapport qui permet de maintenir la même proportion lors du pliage des feuilles. Le format A0 a ainsi servi de base pour les autres formats de la série A ; chaque format suivant est obtenu en divisant le précédent en deux, parallèlement à son côté le plus court. Toutefois, ce ne fut qu’en 1975 que le système DIN 476 fut adopté à l’international sous la norme ISO 216, exception faite des Etats-Unis et du Canada qui conservent leurs propres systèmes.
Avantages consécutifs à la standardisation
Cette normalisation internationale dans les formats de papier a permis de simplifier le commerce international et la production de documents uniformes. En effet, les formats standardisés facilitent l’impression et le stockage. Les imprimantes et autres équipements sont conçus pour ces dimensions, ce qui permet de réduire les problèmes de compatibilité.
De plus, les formats de papier standardisés permettent de réduire les déchets et les coûts de production. Les fabricants peuvent produire des feuilles de papier en grandes quantités sans ajustements constants ce qui minimise les chutes de papier. De plus, les entreprises peuvent acheter du papier en gros à des prix plus compétitifs.
Les différentes séries de la norme ISO 216
Les formats de la série A
Format | Taille (cm) | Utilisation |
| A0 | 84,1 × 118,9 | Affiches et posters |
| A1 | 59,4 × 84,1 | Dessin technique, affiches et posters, |
| A2 | 42,0 × 59,4 | Affiches, supports de communication, plans architecturaux |
| A3 | 29,7 × 42,0 | Affiches et posters |
| A4 | 21,0 × 29,7 | Documents, menus de restaurants, blocs notes, magazines… |
| A5 | 14,8 × 21,0 | Cartes de vœux, livres de poche, agendas |
| A6 | 10,5 × 14,8 | Cartes postales, photographies |
| A7 | 7,4 × 10,5 | Flyers, dépliants, stickers |
| A8 | 5,2 × 7,4 | Cartes de visite, étiquettes et autocollants |
| A9 | 3,7 × 5,2 | Etiquettes, sticks ou autocollants |
| A10 | 2,6 × 3,7 | Timbres, tickets ou coupons |
Les formats de la série B
Les formats de cette série sont légèrement plus grands que les formats du même numéro que les formats de la série A. Ils permettent ainsi d’avoir davantage de marges.
Format |
Taille (cm) |
|
B0 |
100 × 141,4 |
|
B1 |
70,7 × 1414 |
|
B2 |
50 × 70,7 |
|
B3 |
35,3 × 50 |
|
B4 |
25 × 35,3 |
|
B5 |
17,6 × 25 |
|
B6 |
12,5 × 17,6 |
|
B7 |
8,8 × 12,5 |
|
B8 |
6,2 × 8,8 |
|
B9 |
4,4 × 6,2 |
|
B10 |
3,1 × 4,4 |
Les formats de la série C
Les formats de cette série-ci sont principalement utilisés pour les enveloppes et permettent d’accueillir les formats de la série A en un minimum de plis.
Format |
Taille (cm) |
|
C0 |
91,7 × 129,7 |
|
C1 |
64,8 × 91,7 |
|
C2 |
45,8 × 64,8 |
|
C3 |
32,4 × 45,8 |
|
C4 |
22,9 × 32,4 |
|
C5 |
16,2 × 22,9 |
|
C6 |
11,4 × 16,2 |
|
C7 |
8,1 × 11,4 |
|
C8 |
5,7 × 8,1 |
|
C9 |
4 × 5,7 |
|
C10 |
2,8 × 4 |
Les formats normalisés par l’AFNOR
Format | Taille (cm) |
Cloche | 30 × 40 |
Pot ou écolier | 31 × 40 |
Tellière | 34 × 44 |
Couronne écriture | 36 × 46 |
Couronne édition | 37 × 47 |
Roberto | 39 × 50 |
Écu | 40 × 52 |
Coquille | 44 × 56 |
Carré | 45 × 56 |
Cavalier | 46 × 62 |
Quart-raisin | 25 × 32,5 |
Demi-raisin | 32,5 × 50 |
Raisin | 50 × 65 |
Double raisin | 65 × 100 |
Grappe de raisin | 400 × 260 |
Jésus | 56 × 76 |
Soleil | 60 × 80 |
Colombier affiche | 60 × 80 |
Colombier commercial | 63 × 90 |
Petit Aigle | 70 × 94 |
Grand Aigle | 75 × 105 |
Grand Monde | 90 × 126 |
Univers | 100 × 130 |
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Pascal MALINGUE
Directeur Général Cadratin Software, Cogilog et Shop Application